Moshe Tsvi Berger : peintre kabbalistique

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Le musée des Psaumes de Jérusalem expose en permanence les oeuvres de Moshe Tsvi Berger. Ce peintre atypique s’est consacré pendant 13 ans à un travail imposant : une traduction en couleur des 150 Psaumes. Le résultat est émouvant : c’est une peinture qui parle directement à l’âme, qui se veut universelle c’est-à-dire qui s’adresse  à tous les peuples quelle que soit leur croyance

Moshe Tsvi Berger est né en Transylvanie en 1924 dans une famille émancipée.Pendant la Shoa, il est déporté dans un camp de travail à la frontière ukrainienne pendant 32 mois.Au début des années 50, il quitte son pays natal, passe quelques mois à Rome avant de venir s’installer à Paris pendant 20 ans et où il étudie aux Beaux- Arts. A cette époque, il expose dans des galeries et même au Musée de Grenoble.

Au début des années 70, il quitte la France pour les Etats-Unis où il séjourne également une vingtaine d’années. C’est là-bas, en 1982 qu’il a un ‘’éveil’’. Il fait téchouva et fréquente le Rabbi de Loubavitch à New York.

Là commence son long cheminement de retour aux sources du Judaïsme qui débouche finalement sur son alya en 1992. Ses créations ont été présentées dans plus de 100 expositions sur 3 continents différents. Berger a peint un certain nombre de fresques dont la plus grande, haute de 6 étages, se trouve à New York. Berger a également publié entre autre, un livre d’art sur la Genèse.

L’essence spirituelle

Abandonnant la peinture figurative et décorative – considérée par Moshe Tsvi Berger comme non intellectuelle – ainsi que l’abstrait qui débouche immanquablement sur le néant et sur l’expression de la pensée nihiliste grecque, l’artiste trouve une nouvelle inspiration dans la Kabbale et la méditation. Cela lui ouvre une autre perspective : celle de la fusion de la matière et de la pensée. Moshe Tsvi Berger fait de sa peinture une translitération. Ses toiles expriment la prière comme un indice du dévoilement divin.

La 9e porte : celle des couleurs

Langage universel, les couleurs sont sans limites ni frontières découlant d’une intériorité et l’exprimant. Leur spontanéité permet le lien entre contemplation intérieure et aspiration de l’âme.Utilisées à bon escient, elles peuvent exercer un grand pouvoir, celui de transmettre le message de nos écrits sacrés à l’humanité tout entière. D’après de nombreux textes kabbalistiques comme le Zohar, certaines couleurs sont parallèles aux Sfirot (sphères spirituelles). Chacune d’elles est liée à la recherche de la sagesse universelle. Ainsi, on peut entrevoir chez Moshe Tsvi Berger cette dynamique des sphères par les liens entre couleurs, outil d’ouverture à la méditation. Leur force comme signification est une part intégrale de la création artistique.

L’art et le sacré

L’art est la ‘’prophétie’’ individuelle de l’homme face au monde. D’un côté, il oblige à une négation de soi, base de l’esprit inspiré; de l’autre, il exige l’indépendance individuelle de l’homme pour exprimer de façon totale l’inspiration.Le lien entre les domaines supra intellectuels de la foi (Emouna) et de l’art (Omanout), qui s’entend en hébreu comme la racine commune du mot ‘’ainsi soit-il’’ (Amen) insinue que la foi est l’origine de l’inspiration artistique. Le mot Vérité (Emet – résultat de la tombée de la lettre N du mot Omanout – Art) qui vient également de la racine Amen, relie les domaines liés àl’étude de la Tora [il n’y a pas de vérité en dehors de la Tora]. Le mélange de ces disciplines humaines fondamentales – scientifiques et artistiques – caractérise le programme spirituel de la Tora dont la guématria (611) vaut la somme desmots art (Omanout = 497) et science (Madah = 114).


 Foi       (Emouna)          Ø 

Tora – Vérité (Emet)      Ò   Amen

 Art       (Omanout)       Ö

L’arc en ciel des Psaumes

Le Livre des Psaumes est une partie essentielle des dévoilements écrits par le roi David danssa sagesse prophétique. Les 150 tableaux de Moshe Tsvi Berger  en sont une traduction en dessin et en couleur. Chaque psaume est une prophétie à expliquer.Ces peintures sont à voir comme un projet pluridimensionnel qui insère art, connaissance, vérité et spiritualité. Chaque mot, chaque ligne ou caractère a une signification spéciale car l’hébreu a été choisie parmi toutes les langues par D’ comme parole de liaison spirituelle.

Israel Magazine / Noémie Grynberg 2002