»Amen » : les silences du Vatican

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 Hasard du calendrier ou prémonition du réalisateur Costa Gavras, la sortie de son film  »Amen » en cette période  de relents antisémites fétides interroge les consciences et relance la controverse.

 »L’indifférence est la forme soft de la complicité » affirme jean-Claude Grumberg, scénariste du film. Et Costa Gavras de  renchérir :  »la passivité est un crime ». En effet,  »Amen » pose directement la question de l’éthique, de la responsabilité de chacun face à l’Histoire. Jusqu’où se taire, quand réagir et se révolter ?

La raison d’Etat et les intérêts supérieirs ont-ils plus de prix que la vie humaine ? Il semble que oui. Ces raisons son invoquées comme alibi à l’immobilisme  du Vatican d’une part, appareil de pouvoir, agissant sans considération théologique ni éthique et des Alliés d’autre part qui ont sacrifié quelques millions de Juifs pour défendre leurs intérêts politiques à moyen et long terme. La nécessité urgente du court terme n’intéresse pas les diplomaties internationales.

L’Eglise sensée représenter la Miséricorde et le Pardon, se cache derrière de machiavéliques calculs stratégiques pour ne pas prendre ouvertement position contre les atrocités du Reich. Comment l’aurait-elle pu alors que son chef suprême, le Pape Pie XII, héritier d’une tradition antisémite, affichait une certaine sympatie pour Hitler et sa lutte anti-communiste ? Aussi, les initiatives individuelles de prêtres pour sauver les Juifs ont-elles été brisées en haut lieu.

 »La complicité est effrayante, elle est l’aboutissement d’une idéologie qui planait dans le monde entier, [×××] depuis le début du (20e) siècle » ajoute J.-C. Grumberg. L’Eglise a prouvé dans cette tragédie l’inéfable faillite de son rôle de guide spirituel de l’Occident dit  »civilisé ». Quand la Chrétienté soutient le totalitarisme le plus abjecte, elle faillit à sa mission d’instance morale supérieure. A ce moment plus qu’à tout autre, l’Eglise complice car silencieuse, a perdu son âme.

© Noémie Grynberg 2002