L’Occident dans les mains d’Allah

Pour Allah

L’islamisme radical, contrairement à l’opinion répandue, n’est pas le fait d’égarés sous-développés. Au contraire. Dans son entreprise mondiale de conversion à l’islam, il attire de plus en plus de jeunes occidentaux venus de milieux divers, voire aisés.

Ainsi, l’Occident est-il devenu le terrain de chasse de prédilection des cadres d’Al-Qaida cherchant à enrôler de nouveaux convertis dans leur guerre des civilisations. En effet, se détournant de ses propres valeurs morales et spirituelles, l’Occident laisse parfois un grand vide métaphysique pour ceux en quête de sens. L’islam se présente alors comme une réponse sociale et religieuse face aux critiques envers la société de consommation laïcisée.

Les nouvelles conversions à l’islam représentent une véritable politique dans la stratégie d’Al-Qaida. Ces jeunes islamisés forment les combattants radicaux capables de commettre les pires méfaits au nom de leur nouvelle foi. Parce que novices, ils veulent prouver par leurs actes qu’ils sont de meilleurs musulmans que ceux de souche et finissent dans les camps d’entraînement au Pakistan ou en Afghanistan.

Le phénomène est mondial selon la vision même du djihad. Ainsi, de Belgique en Australie, en passant par la France, l’Allemagne ou les Etats-Unis, l’auteur retrace le parcours précis de ces musulmans néophytes et de leur radicalisation. En se basant sur l’actualité, Paul Landau essaie de décrypter les motivations, les attentes, les profils psychologiques, les circonstances de ce basculement dans l’islamisme. Il montre comment peu à peu ces nouveaux musulmans sont attirés vers l’extrémisme, comment ils sont manipulés et deviennent les porte-parole de l’islam en Occident, chargés de diffuser un discours occidentalisé, politiquement correcte, médiatiquement racoleur. Et la tactique fonctionne à fond. Peu d’intellectuels, de chercheurs, de journaliste osent dénoncer cette guerre larvée. Il faut du courage pour entreprendre de révéler ce que tout le monde cherche à dissimuler ou feint de ne pas voir.

Ce qui inquiète, c’est justement qu’il n’y a pas de profil type du jeune converti, homme ou femme, qui tombe dans les filets d’Al-Qaida.

L’Occident se voile les yeux depuis des décennies, ne veut pas voir cette entreprise délibérée de déstabilisation que mène l’islam radical selon le précepte de la conquête du monde. Par son livre, Paul Landau (édition du Rocher) nous met en garde contre les enjeux en train de se jouer. Si l’Occident n’y prend pas garde, continue de fermer les yeux, d’appliquer la politique de l’autruche, il sera vaincu par l’islamisme sans même l’avoir combattu. Par sa frilosité, empêtré dans ses tabous, il perd jour après jour un peu plus de sa liberté, de ses valeurs, de son indépendance.

Un livre indispensable pour ouvrir les yeux sur le monde qui nous entoure, pour décrypter cette réalité dérangeante et pour enfin réagir aux assauts de cet islam radical porté par les nouveaux convertis bon chic bon genre.


Qu’avez-vous découvert en écrivant ce livre ?

Paul Landau
: Je me suis intéressé en particulier au phénomène des conversions à l’islam radical en Occident. Ce phénomène touche presque tous les grands pays occidentaux (Etats-Unis, France, Angleterre, Allemagne…). Il y a chaque année des milliers de convertis à l’islam, dont plusieurs dizaines deviennent des « djihadistes ». J’analyse les itinéraires de ces convertis, jeunes Occidentaux qui deviennent des musulmans fanatiques, prêts à tuer et à mourir au nom d’une conception radicale de l’islam.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ?

P. L.
: Les parcours des convertis à l’islam radical sont souvent étonnants, et parfois même fascinants. Les cas les plus frappants à mes yeux sont celui de Muriel Degauque, jeune femme belge devenue la première femme kamikaze européenne, et celui d’Adam Gadahn, jeune Américain né en Californie, devenu le porte-parole d’Al-Qaida. Son grand-père, Carl Pearlman, était un médecin juif réputé, marié à une femme protestante. Le père d’Adam, Phil, est un « hippie » qui vit dans une ferme et élève des chèvres. Gadahn est un exemple frappant de déculturation progressive d’une famille de la bourgeoisie américaine : il a grandi dans un véritable désert culturel et affectif, et a voulu combler ce manque en devenant musulman, puis islamiste…

Pensez-vous que l’Occident adopte la bonne stratégie face à la menace islamiste ?

P. L.
: Non, malheureusement. De manière générale, la lutte contre l’islamisme suppose que soient réunis des outils juridiques, une volonté politique et une vision stratégique. Dans le cas de la France et d’autres pays européens, l’appareil juridique existe, mais la volonté politique et la vision stratégique font défaut. Cette carence politique transparaît notamment dans le rôle confié à l’UOIF, proche des Frères musulmans, dans la gestion de l’islam en France, et dans le fait que des associations implantées dans plusieurs pays d’Europe financent le Hamas, notamment en France (CBSP).

Quelle est selon vous l’attitude qu’il conviendrait d’adopter face à l’islam radical ?

P. L.
: La lutte contre l’islam radical va bien au-delà des seuls aspects judiciaires ou policiers. En France, les services de renseignement et la police font souvent un excellent travail, mais il y a une carence considérable sur le front idéologique. Il s’agit d’un combat essentiel, qui devrait réunir tous ceux qui s’opposent à l’islamisme conquérant, indépendamment de leurs divergences culturelles ou politiques.

Il faut également lutter pour la défense des acquis essentiels de notre civilisation, aujourd’hui remis en cause par l’islamisme militant : liberté de penser, d’opinion, d’expression, et autres droits fondamentaux qui sont progressivement grignotés en Occident, en conséquence de l’offensive islamiste et aussi d’une certaine lâcheté occidentale.

Quelles sont les causes de cette vague de conversions à l’islam et que peut faire l’Occident pour tenter de l’enrayer ?

P. L.
: Les conversions à l’islam traduisent une crise spirituelle et morale profonde de l’Occident, déjà ancienne. On ne peut évidemment pas les empêcher, d’autant que la grande majorité des convertis ne deviennent pas, fort heureusement, des djihadistes ! Mais je pense qu’on peut freiner cette vague, et qu’une des réponses consiste, en premier lieu, à réaffirmer les valeurs essentielles sur lesquelles repose la civilisation occidentale. Il faut également que les autres religions assument avec plus de conviction leur rôle traditionnel, pour ne pas que l’islam demeure la seule alternative face au matérialisme occidental et au vide spirituel d’un monde privé de foi. Cela concerne aussi, dans une certaine mesure, le judaïsme.

S’agit-il alors d’une guerre de civilisations entre l’islam et l’Occident ? Et quelle place y occupe Israël ?

P. L.
: Il y a incontestablement un conflit de civilisations. L’islam conquérant profite de la faiblesse occidentale dans l’affirmation de ses valeurs. Le discours islamiste est largement fondé sur l’idée que l’Occident est un monde d’abondance matérielle et de vide spirituel. Israël, étant placé au confluent des mondes occidental et musulman, a certainement un rôle essentiel à jouer dans cette guerre de civilisations… Pour être bref, je dirais qu’Israël est certes un poste avancé de l’Occident face à la menace islamiste, mais qu’il doit aussi incarner une alternative, au lieu de copier servilement l’Occident dans ses aspects les plus négatifs. L’actualité nous montre bien, hélas, que les dirigeants israéliens coupés de la tradition juive sont incapables d’affronter les défis actuels.


Noémie Grynberg, 2008