Enseignement de la Shoah

Facing History

L’enseignement de la Shoah, sujet sensible s’il en est, reste une problématique délicate lorsqu’il s’agit d’un public jeune. Chaque programme tente d’y répondre au mieux en essayant d’appliquer une pédagogie gérant au plus proche l’émotivité des élèves suivant les classes, l’âge et l’origine. Malgré tout, la principale difficulté demeure l’évocation de la Shoah à l’école primaire.

Pour illustrer l’évolution de l’enseignement de la Shoah, nous avons choisi de présenter les programmes de trois principaux pays engagés dans cette voie, à savoir : Israël, la France et les Etats-Unis. Il est intéressant de constater les points de convergence entre les 3 : les enfants réagissent de la même manière suivant leur tranche d’âge et les études s’adaptent à leur niveau de compréhension. Ainsi, pour les plus jeunes, l’accent est mis sur le récit individuel, l’identification à travers l’histoire d’autres enfants du même âge et de leur famille. Pour les plus grands, la Shoah est recontexualisée historiquement, géographiquement, politiquement, culturellement. Abordée en tant que telle ou faisant partie de sujets plus généraux comme l’histoire mondiale ou l’histoire des civilisation, la destruction des Juifs d’Europe reste incontournable. A travers son évocation, les équipes pédagogiques souhaitent élever les jeunes générations dans le respect mutuel, dans la tolérance des différences, dans le rejet de toute forme de racisme et d’antisémitisme afin qu’une telle tragédie ne se reproduise plus jamais et que la Shoah demeure vraiment un cas unique dans l’histoire des Hommes.

Aux États-Unis

Chacun des 50 États et non le gouvernement fédéral, est responsables de sa politique éducative. Par conséquent, il n’y a pas de programme national sur l’Holocauste créé par l’administration américaine au sein des écoles. A ses débuts, l’étude de la Shoah en milieu scolaire a été le fait d’initiatives pédagogiques émanant d’enseignants d’établissements juifs et d’universités. Au fur et à mesure des publications académiques spécialisées et des récits littéraires sur le sujet, l’intérêt des professeurs du secteur public a cru parallèlement. Cependant la question de rendre l’enseignement de la Shoah obligatoire reste encore à débattre.

Les premières villes à avoir mis en place un programme scolaire sur la Shoah ont été New York, Philadelphie et Los Angeles. Mais il faut attendre les années 1970 pour voir aux Etats-Unis une explosion d’activités pédagogiques liées à la Shoah. C’est à cette époque que l’action éducative de l’association ‘’Facing History and Ourselves’’ voit le jour. Elle permet de former des professeurs en leur donnant des outils pédagogiques, de la documentation livresque et audiovisuelle pour élaborer des programmes sur ce thème. Les contenus sont continuellement ajustés, précisés pour répondre au plus près aux besoins des élèves et des professeurs.

Depuis 1995, 5 Etats américains ont officiellement inscrit l’enseignement de la Shoah dans leur programme scolaire (Californie, Floride, Illinois, New Jersey et New York). Ceux de Floride et du New Jersey ont créé des programmes d’études complètes et détaillées ainsi que des guides pour l’enseignement de l’Holocauste. Dix autres États le conseillent ou l’encouragent : le Connecticut, la Géorgie, l’Indiana, le Massachusetts, la Caroline du Nord, l’Ohio, la Pennsylvanie, Rhodes Island, la Caroline du Sud, et Washington. La conception et le temps des cours sont laissés à l’appréciation des professeurs.

Douze États ont également formé des commissions ou des conseils qui soutiennent l’étude de l’Holocauste : l’Alabama, la Californie, la Floride, la Géorgie, le Kansas, le Nevada, le New Jersey, la Caroline du Nord, l’Ohio, la Caroline du Sud, le Tennessee et la Virginie Occidentale. La portée de ces commissions et conseils varie largement d’un État à l’autre.

Pourquoi étudier la Shoah ?

Il y a à cela six raisons fondamentales :

·        L’Holocauste a été un tournant dans l’histoire de l’humanité entière.

·        L’étude de l’Holocauste aide les élèves à en apprendre davantage sur les usages et les abus du pouvoir, sur les rôles et responsabilités des citoyens, des organisations et des nations.

·        Les élèves développent une compréhension des conséquences des préjugés, du racisme, de l’antisémitisme et des stéréotypes.

·        La Shoah montre comment une nation moderne peut utiliser son expertise technologique et sa bureaucratie pour appliquer des politiques destructrices.

·        L’Holocauste fournit le meilleur exemple des dangers de rester silencieux et indifférent face à l’oppression.

·        Les élèves acquièrent une compréhension de la complexité du processus historique.

La plupart des élèves sont d’abord initiés à l’histoire de l’Holocauste à environ 11 ou 12 ans. Il est bien entendu que les différents groupes d’âge exigent des stratégies et des ressources distinctes. Les élèves de collèges et lycées peuvent comprendre les complexités de cette histoire, y compris la portée et l’ampleur des événements alors que ceux du primaire s’identifient plutôt aux récits individuels des survivants. Les écoliers sont souvent trop jeunes pour replacer ces témoignages dans un contexte historique plus large. Dans certains établissements, l’Holocauste peut être abordé dans les cours d’histoire générale ou d’histoire mondiale des cultures. Mais la majeure partie de l’enseignement de la Shoah se fait en cours d’anglais ou de langue, où il est plus souvent étudié de manière thématique (par exemple, l’intolérance) que de façon historique ou chronologique. Compte tenu de la tradition décentralisée de l’éducation américaine, certaines écoles offrent des cours à option séparée sur l’Holocauste, alors que d’autres l’enseignent de manière comparative lors de cours portant sur le génocide.

L’Holocauste est sans doute le sujet le plus difficile étudié dans les écoles américaines aujourd’hui. Des milliers d’enseignants du primaire et du secondaire s’y consacrent. Ce thème délicat nécessite une bonne formation et information, des outils pédagogiques performants, une méthodologie adéquate basée sur des documents précis, une capacité de synthèse, de réflexion et de débat. Sans cela, l’étude de la Shoah peut rater son objectif et tomber dans l’amateurisme par une simplification abusive. Actuellement, bien que l’intention y soit, les programmes relatifs à la Shoah manquent de cadre cohérent, de contenus et d’objectifs précis, de pédagogie appropriée selon certains spécialistes. C’est pourquoi, de nombreux éducateurs pour qui l’enseignement de l’Holocauste reste important, se sentent dépassés et ce pour plusieurs raisons. D’abords, ils manquent d’assurance pour développer un cours sur ce thème. Ensuite, ils ont le sentiment que la difficulté de ce sujet épineux est écrasante, historiquement et pédagogiquement. Enfin, les enseignants s’inquiètent de savoir s’ils seront capables ou non d’exposer une matière d’une telle charge émotionnelle de façon juste et équilibrée au sein des programmes de collèges et lycées, tout en respectant les sensibilités relatives. L’organisation d’une unité de cours sur le sujet doit impliquer une compréhension très développé de la complexité qui est centrale à la fois à l’histoire et la pédagogie de l’événement.

Au-delà de la problématique des cours eux-mêmes, c’est donc le problème didactique qui interpelle le plus le corps enseignant américain. En partenariat avec la prestigieuse Université Harvard, l’association ‘’Facing History’’ tente justement d’élaborer des programmes conjoints entre chercheurs et éducateurs. Le département américain de l’Education a d’ailleurs reconnu l’exemplarité de ces programmes.

En France

En France, l’enseignement de la Shoah reste une préoccupation importante de l’Education Nationale surtout à l’école élémentaire. Cette question a soulevé le débat en 2008. Au-delà des événements, il s’agit de savoir comment transmettre une mémoire historique et culturelle à une jeune génération.

L’enseignement de la Shoah est inscrit à trois reprises dans les programmes scolaires français : à l’école au cycle des approfondissements (CM2) depuis 2002 et réaffirmé dans les programmes entrés en vigueur à la rentrée 2008, au collège en 3ème, puis en Première et en Terminale au lycée. À chaque niveau, les approches et les démarches ainsi que la documentation utilisée, doivent être adaptées à l’âge et à la maturité des élèves.

Les nouvelles orientations au primaire

En février 2008, une mission du Ministère français de l’Education Nationale a été chargée de redéfinir les conditions de mise en oeuvre de l’enseignement de la Shoah en CM2. Cette mission a eu pour but de préciser les enjeux historiques et civiques de cet enseignement et des démarches pédagogiques qui soient conformes à la fois à la sensibilité des élèves de cet âge et à la diversité des classes.

Selon l’inspectrice générale honoraire de l’Education nationale, Hélène Waysbord-Loing, ‘’la nécessité d’une relance se fonde sur la disparition progressive des témoins et victimes. Le contexte de la 2e Guerre Mondiale s’efface.’’ Pour les jeunes, il faut aborder le sujet de façon concrète, par l’étude d’un nom, d’un visage, d’un parcours, de traces écrites plus rarement, de lettres ou de portraits. Le récit est le mode d’appréhension initial quand les évènements s’éloignent. La thématique des enfants victimes a été d’emblée retenue comme une approche particulièrement adaptée aux élèves de CM2. Elle leur permet par le biais de récits et de figures particulières de s’initier à l’histoire passée. Les principes et orientations essentiels ont été définis autour du thème des enfants (disparus, cachés et sauvés), sa signification universelle et son rapport avec le crime contre l’humanité, avec l’appui de témoignages mais aussi des thèmes de la mémoire et des formes de la culture et de la vie juive ainsi que le rôle de l’art dans la transmission. Cette approche tente d’éviter le compassionnel, de distinguer l’identification de l’émotion. Cette pédagogie part de l’exemple singulier (d’un enfant ou d’un groupe d’enfants) pour aller au plus général. Et de là, inscrire le(s) cas particulier(s) dans sa dimension historique. Il s’agit de construire un savoir.

L’accent est mis sur l’extermination « exemplaire » au niveau européen, dans son extension et sa violence en raison de l’ampleur des conquêtes et annexions nazies et sur la trahison de la tradition française, terre d’accueil au nom des Droits de l’Homme : des enfants étrangers venus avec leurs parents des pays d’Europe y furent arrêtés et envoyés à Auschwitz. Mais pas seulement. L’ensemble des membres du groupe de réflexion sur l’enseignement de la Shoah au primaire a souligné l’importance de ne pas travailler uniquement sur la destruction des Juifs d’Europe mais d’évoquer également les traditions, les formes de vie que la Shoah a largement anéanties. Il s’agit de parler de leur quotidien, de leurs fêtes, de leur langue. Faire prendre conscience de la diversité et de son prix à des enfants qui ont à la connaître aujourd’hui dans leurs classes et à la respecter.

L’enseignement porte également sur l’appareil législatif et policier imposant les marques de discrimination, l’étoile jaune, les pancartes des jardins publics, les interdits qui frappent les familles, les séparations d’avec les parents, les arrestations sans limite d’âge, jusqu’aux camps d’internement et aux convois. Le contexte historique prend forme au fil des faits présentés et des questions des élèves.

D’après les initiateurs du projet, dans l’acte pédagogique, l’émotion provoquée par des exemples particuliers suscite chez les élèves le désir de connaître, de chercher à comprendre. L’émotion n’est pas à l’opposé du savoir, elle en est ici le nécessaire prélude. A partir de là, une démarche d’étude et de connaissance peut s’engager.

Quand on restitue ainsi le système à partir de cas personnels, se crée une distance, une objectivation qui permet de juger, de confronter, et plus tard, d’agir. Des exemples concrets constituant la construction de la mémoire de la Shoah en France (procès de Klaus Barbie – premier crime contre l’Humanité jugé en France, les 44 enfants d’Izieu et leurs éducateurs massacrés) sont proposés aux écoliers.

Cette éducation a pour objectif de construire une première compréhension historique de la période, à partir de la vie des enfants français ou européens ayant trouvé refuge en France. Il vise à donner les repères chronologiques indispensables aux écoliers. Les termes de xénophobie, racisme, antisémitisme, sont précisés. La notion de Crime contre l’Humanité est abordée à partir d’un exemple précis.

L’adoption des nouveaux programmes

Comprenant l’importance de son enjeu, l’Education Nationale a collectivement adhéré à une relance de l’enseignement de la Shoah. En juillet 2008, la France a officiellement adopté le programme d’enseignement de la Shoah à l’école élémentaire. Il confirme l’étude obligatoire au cours moyen de l’extermination des Juifs et des Tziganes par les nazis, considérée comme un crime contre l’humanité. Ce cours a pour objectif de faire acquérir progressivement aux élèves une connaissance précise de ce crime historique majeur perpétré en Europe, de le restituer dans le contexte d’une idéologie raciste et d’un système politique totalitaire. Il intègre la prise de conscience mondiale qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a conduit les instances internationales à adopter la Déclaration universelle des droits de l’Homme, et à créer la notion de crime contre l’humanité dont le caractère imprescriptible a été intégré au droit national des démocraties.

À l’école élémentaire, l’étude de la Shoah s’appuie sur la complémentarité des disciplines : elle s’effectue principalement en histoire, mais elle peut prendre appui sur des œuvres d’art (sculptures, peintures ou extraits de films) ou sur des livres dans leur rôle de transmission, dans le cadre de cours d’histoire des arts ou de littérature. A ce niveau, l’objectif est de donner des premiers repères, notamment chronologiques mais aussi spatiaux car la dimension européenne du crime et de son organisation doit être évoquée. Il s’agit aussi de contribuer à l’éducation morale et civique des élèves en commençant à approcher la question de la responsabilité personnelle et collective, celle aussi de la résistance à la barbarie. Les écoliers sont ainsi amenés à une première compréhension de la notion de crime contre l’humanité ainsi qu’à celle de droits humains universels. Les thèmes des lois de Vichy et des spoliations des biens juifs sont aussi abordés.

Pour approcher ces thèmes, les maîtres sont libres de leurs choix pédagogiques et plusieurs options, souvent complémentaires, sont possibles. La thématique des enfants victimes est cependant une entrée à privilégier au CM2 : partir d’un itinéraire, de l’exemple singulier d’une famille dont l’histoire est liée aux lieux proches – l’école, la commune, le département – constitue une approche pédagogique respectueuse de la sensibilité des enfants.

À partir d’un cas, les élèves appréhendent la déshumanisation systématique des victimes par le processus discriminatoire légal, en passant par la planification et d’industrialisation de la mort étendue à tous les territoires occupés, jusqu’à l’extermination dans les camps de la mort. Ces exemples personnels inscrits dans l’histoire constituent, par leur dimension mémorielle, la première étape d’un savoir que les enseignements d’histoire au collège puis au lycée permettront de consolider.

Par l’évocation des maisons d’enfants, des enfants cachés, des Justes, les écoliers approchent aussi les notions de solidarité et de valeurs universelles. Ainsi la pédagogie choisie se veut ouverte sur la vie et sur le monde.

En complément des leçons, la Journée de mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité, instituée le 27 janvier, anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, constitue un moment privilégié de mémoire et de réflexion dans les écoles. Pour aider les maîtres dans cette instruction délicate qui doit allier à la fois nécessité de conserver une mémoire et d’édifier le socle d’une culture historique, un livret pédagogique est diffusé auprès des enseignants des classes de CM2. Un portail Internet a été créé pour mettre également à leur disposition un ensemble de ressources : accès à la base de données des enfants déportés de France développée par le mémorial de la Shoah, bibliographie, filmographie, sitographie, pratiques exemplaires, etc.

Inscrit dans sa dimension historique, l’enseignement de la Shoah en France a trouvé une finalité civique et répond à une obligation morale.

En Israël

L’enseignement de la Shoah en système publique laïque et religieux est obligatoire en classe de Première et de Terminale depuis 1982. Ainsi pour les lycéens, son étude fait partie intégrante de leur programme au baccalauréat. Cependant, l’enseignement de la Shoah fait encore débat concernant l’école primaire. Certains pédagogues craignent en effet que l’évocation de cette tragédie dès les petites classes ne traumatise les enfants. Beaucoup d’établissements élémentaires restent donc encore réticents à traiter cette question en profondeur devant les jeunes.

Très tôt, les enfants israéliens commencent à entendre parler de l’Holocauste. En fait, dès le préscolaire ce sujet est abordé chaque année dans des structures éducatives à la fois formelles et informelles, ne serait-ce que lors du Yom Hashoah.

Depuis 1982, dans le cadre des cours d’histoire, un minimum de 30 heures d’études sur l’Holocauste a été mandaté dans tous les lycées publiques israéliens par le Ministère de l’Education. Depuis 1999, l’enseignement de la Shoah est également recommandé dans les programmes du collège.

En Israël, l’Holocauste est enseigné à la fois comme un sujet à part entière et comme chapitre de sujet plus vaste comme l’histoire mondiale des civilisations. Ses aspects sont souvent abordés dans de nombreux contextes éducatifs différents. Son étude fait également partie de l’histoire juive et de l’histoire israélienne. L’intérêt de ces cours vise à un renforcement de la conscience nationale ; à une prise de conscience de l’importance d’Israël dans sa dimension de refuge pour les Juifs persécutés.

Au lycée

La Shoah est généralement enseigné en Première et en Terminale. L’Holocauste est devenu partie intégrante de l’examen d’histoire au baccalauréat. Il y est question des racines de l’idéologie nazie, des Juifs en Allemagne et en Autriche de 1933 à 1939, du déroulement par étapes de la Seconde Guerre mondiale avec l’«Opération Barbarossa» à l’Est et la «solution finale», des ghettos juifs, des camps de concentration et d’extermination, de la résistance juive, du sauvetage des Juifs, etc.

En outre, les élèves israéliens qui choisissent des matières à option dans le cadre de leurs études secondaires, telles que la littérature hébraïque ou la pensée juive, sont aussi interrogés sur des sujets liés à l’Holocauste.

De nombreux élèves du secondaire sont engagés dans des projets liés à l’Holocauste tout au long de l’année scolaire et pas seulement le Yom Hashoah. Par exemple, les élèves composent de la musique ou des poésies, donnent des spectacles publics dans leur école, interrogent des survivants de l’Holocauste sur leur expérience, collectent des témoignages et créent des expositions d’art sur les thèmes connexes à l’Holocauste.

Entre 2007 et 2009, l’étude menée pour le compte de l’Université Bar Ilan par le Docteur Erik Cohen, chercheur en sociologie, a confirmé que l’enseignement de la Shoah reste une des principales préoccupations du système éducatif israélien. Proviseurs, professeurs et élèves s’accordent pour reconnaître qu’il s’agit là d’un sujet important et central. Au niveau identitaire, son enseignement constitue un dénominateur commun parmi les élèves d’origines différentes aussi bien en écoles publiques laïques que religieuses.

L’école représente le cadre le plus important par lequel les élèves sont confrontés au problème de la Shoah. Les jeunes Israéliens apprennent moins de détails sur cette tragédie par leur famille ou groupes d’âge que par l’école.

L’enseignement de la Shoah se focalise principalement autour de 2 approches : la cognitive et l’expérimentale ainsi que l’universelle et la particulière (juive). Ces 2 visions ne sont pas forcément contradictoires. Elles se révèlent plutôt complémentaires et gagnent à être combinées entre elles. De ce fait, l’enseignement et la pédagogie doivent se montrer multidimensionnels. De façon générale, les élèves sont largement exposés au sujet touchant à la Shoah par le bais de différents types d’activités dans lesquelles les professeurs sont impliqués et utilisent diverses méthodes. L’enseignement se fait de façon formelle (histoire) et informelle (cérémonies, voyages, visites d’institutions, etc.). Mais l’expérience la plus marquante pour les jeunes reste le voyage scolaire en Pologne et le témoignage des survivants.

Cependant, proviseurs et professeurs dans leur large majorité s’accordent pour demander une augmentation du nombre d’heures allouées à l’enseignement de la Shoah ainsi qu’aux activités informelles. Ils souhaitent également octroyer au sein de leur programme davantage d’importance aux valeurs sionistes.

Résultats de l’étude dans le secondaire publique

Les élèves :

–          94% sont engagés à préserver la mémoire de la Shoah.

–          88% ressentent un sentiment d’identification avec le peuple juif.

–          86% se sentent engagés envers l’existence d’Israël en tant qu’Etat indépendant

–          83% sont satisfaits du programme d’enseignement de la Shoah dans leur école et sont intéressés à en apprendre davantage

–          81% considèrent la Shoah comme une tragédie pour toute l’humanité, pas seulement pour le peuple juif

–          80% déclarent que les sujets relatifs à la Shoah sont pertinents dans leur vie

–          76% affirment que la Shoah affecte leur vision du monde.

Les professeurs :

–          96% affirment que la Shoah affecte leur vision du monde

–          93% pensent qu’instiller un sentiment d’appartenance au destin du peuple juif est un objectif important de l’étude de la Shoah.

–          92% pensent que renforcer l’engagement envers l’existence d’Israël en tant qu’Etat indépendant est un objectif important de l’étude de la Shoah.

–          85% considèrent la Shoah comme une tragédie pour toute l’humanité, pas seulement pour le peuple juif

–          81% considèrent que le renforcement des valeurs humanistes universelles est un objectif important de l’étude de la Shoah.

–          67% se disent satisfaits de l’enseignement de la Shoah en Israël de manière générale

 

Les proviseurs :

–          100% pensent que renforcer l’engagement envers l’existence d’Israël en tant qu’Etat indépendant est un objectif important de l’étude de la Shoah.

–          99% pensent qu’instiller un sentiment d’appartenance au destin du peuple juif est un objectif important de l’étude de la Shoah.

–          97% considèrent que le renforcement des valeurs humanistes universelles est un objectif important de l’étude de la Shoah.

–          83% sont globalement satisfaits de la qualité de l’enseignement de la Shoah dans leur école

 

Le primaire aussi

En 2007, le projet intitulé ‘’Témoignage d’un survivant’’ pour l’enseignement de la Shoah à l’école primaire a été initié dans un établissement de Zichron Yaacov. Ses objectifs combinent différents aspects. D’abord, les élèves apprennent les concepts de base liés à la destruction du peuple juif et à la Seconde Guerre Mondiale. Ensuite, ils étudient les notions de racisme, de haine et du danger de leur développement. Les jeunes analysent la relation entre la Shoah et la vie du peuple juif souverain en Israël. Ils apprennent les risques de nier l’Holocauste aujourd’hui et dans le futur. Enfin, par des rencontres avec les survivants de la Shoah, les élèves sont sensibilisés au sentiment de solidarité et de respect envers les rescapés en tant que personnes portant des noms, des valeurs et des points de vue.

Au fil des ans, le programme s’est approfondi. Pluridisciplinaire, il allie littérature, arts, informatique, culture, etc. Les écoliers effectuent une série de tâches, dont un dossier contenant des témoignages de survivants, des photos et des dessins.

 

Noémie Grynberg 2009