Gertrude Belle Elion, la science comme seule passion

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Gertrude Belle Elion est une biochimiste et pharmacologue américaine de génie. Ses recherches sur le métabolisme des cellules ont permis le traitement médicamenteux de nombreuses maladies comme la cardiopathie, la leucémie, l’ulcère gastrique, le paludisme, la goutte ou l’herpès. Consacrant entièrement sa vie à la science et à la mise au point de médicaments nouveaux, elle a découvert des antiviraux modernes et des traitement en chimiothérapie qui lui ont valu le Prix Nobel de médecine en physiologie en 1988.

Gertrude Belle Elion est né en 1918 à New York dans une famille juive d’origine russo-lithuanienne. Enfant, elle montre rapidement une soif insatiable de connaissances. Marquée par le décès de son grand-père alors qu’elle n’a que 15 ans, Gertrude Belle décide de s’orienter vers une carrière qui lui permettrait de trouver des remèdes contre le cancer. En 1933, lorsqu’elle rentre au collège, elle choisit naturellement une section scientifique, option chimie. Elle termine son diplôme avec les félicitations.

A cause des répercussions de la crise économique de 1929, Gertrude Elion ne peut poursuivre ses études à l’université trop chère. Elle tente cependant d’y obtenir un poste d’assistante de recherche. Mais les emplois sont rares et fermés aux femmes. En 1937, elle trouve pour une durée de 3 mois un poste d’enseignante de biochimie à l’Ecole d’infirmière de l’hôpital de New York. Par chance, elle y rencontre un chimiste qui cherche justement une assistante de laboratoire. Grâce à cette nouvelle opportunité, pendant un an et demi, Gertrude Elion économise sur son salaire en vue de poursuivre ses études supérieures à l’Université de New York, section chimie. Pour pouvoir financer son travail de recherche pour sa Maîtrise, l’étudiante prend un emploi d’enseignante suppléante dans les écoles secondaires de New York, puis d’enseignante de chimie, physique et sciences générales pendant deux ans. Elle travaille sur sa recherche pendant la nuit et le week-end. Elle obtient finalement sa maîtrise ès sciences en chimie en 1941.

En pleine Seconde Guerre Mondiale, profitant de la pénurie de pharmaciens dans les laboratoires industriels, Gertrude Belle Elion obtient un emploi même s’il ne s’agit pas de recherche. Elle y fait du contrôle alimentaire pendant un an et demi. Mais ce travail répétitif finit par la lasser. En1943-44, elle trouve un travail de chercheur chez Johnson et Johnson dans le New Jersey. Malheureusement, ce laboratoire est démantelé au bout d’environ six mois. Gertrude Elion se voit alors vite proposés un certain nombre de postes dans des laboratoires de recherche. Elle choisit celui offert par le Docteur George Hitchings. La chimiste assume rapidement des responsabilités de plus en plus importantes. De spécialiste en chimie organique, la chercheuse s’implique très vite dans la microbiologie et ses composés synthétisés. Son champ d’application s’étend à la biochimie, à la pharmacologie, à l’immunologie et à la virologie. Elion adopte uns stratégie scientifique de recherche par l’observation tout à fait révolutionnaire pour l’époque. Elle commence à étudier la synthèse des acides nucléiques chez les cellules normales et cancéreuses, les protozoaires, les bactéries et les virus.

Parallèlement, Gertrude Elion commence son doctorat au Brooklyn Polytechnic Institute, en cours du soir. Mais elle ne peut mener ses 2 activités de front. Elle choisit de renoncer à ses études et de poursuivre sa carrière. Son travaille la passionne. Elle se met à observer la biosynthèse des acides nucléiques et des enzymes, poursuit ses analyses microbiologiques. En 1948, elle parvient à inhiber la croissance des cellules cancéreuses et des micro-organismes.

Cette découverte permettra de traiter des leucémies de l’enfant, dès 1953.

En 1950, Elion découvre un nouvel antipaludique majeur et en 1963, un traitement contre la goutte. Lorsqu’elle commence à voir les résultats de ses efforts sous forme de nouveaux médicaments, son sentiment de récompense est incommensurable.

A partir de 1960, Elion collabore souvent avec l’Institut National du Cancer où elle siège dans divers comités consultatifs et conseils scientifiques.

Au fil des années, son travail devient sa vocation. En 1967, elle est nommée Chef du Département de thérapie expérimentale (regroupant chimie, enzymologie, pharmacologie, immunologie, virologie et culture de tissus), une position occupée jusqu’à sa retraite en 1983.

Gertrude Belle Elion a également siégé à de nombreux comités consultatifs : celui de la Société américaine du cancer, de la Société américaine de Leucémie, de la division de la recherche sur les maladies tropicales de l’Organisation mondiale de la Santé. Elle a été membre de la Société américaine de Chimie, de la Société de Transplantation, de la Société américaine des biochimistes, de la Société américaine de Pharmacologie et Thérapies Expérimentales, de l’ Association Américaine de recherche sur le Cancer, de la Société américaine d’Hématologie, de l’ Association Américaine pour le progrès de la Science et de l’Académie des Sciences de New York.

Mais le principal titre de gloire de Gertrude Elion reste la découverte du premier antiviral, à la fois très efficace et bien toléré, un puissant antiherpétique quasi-parfait avec très peu de retentissement sur le métabolisme cellulaire. Ce médicament a relancé la recherche sur les antiviraux modernes.

En 1988, couronnant près de 50 ans de recherche médicale efficace, Gertrude Elion reçoit avec son collègue George Hitchings, le prix Nobel de médecine en physiologie. Une illustre récompense qui honore leur "découverte d’importants principes thérapeutiques".

En 1991, la lauréate du Nobel devient la première femme à figurer dans le célèbre National Inventors Hall of Fame américain..

Gertrude Elion, trop occupée par ses découvertes, n’a jamais eu le temps de terminer sa thèse, de se marier ni de fonder une famille. Elle n’en est pas moins titulaire de 25 doctorats honoris causa !

Gertrude Belle Elion décède en 1999, au terme d’une brillante carrière scientifique. Une femme d’exception.


Noémie Grynberg/Israel Magazine 2010