Cinq sites israéliens classés au patrimoine mondial de l’UNESCO

Avdat

Israël, petit pays s’il en est, reste un phénomène particulier au niveau archéologique. Entre 2001 et 2005, l’UNESCO a classé, dans ce seul pays, 5 sites sur la liste du patrimoine mondial. Il s’agit de Massada (2001), de la vieille ville d’Acre (2001), du mouvement architectural allemand moderne (Bauhaus)de la ville blanche de Tel-Aviv (2003), des villes nabatéennes du Néguev sur la route de l’encens (2005) et des tels bibliques (Megiddo, Hazor, Beersheba) (2005). Chacun d’eux, par sa spécificité, apporte un témoignage historique, culturel et humain à portée universelle.

Dressée sur un éperon rocheux, Massada est une forteresse naturelle qui domine la mer Morte en plein désert de Judée. Ce palais-forteresse fut construit par les rois de Judée Jean Hyrcan l’Asmonéen et Hérode le Grand, au début de l’empire romain. Les camps militaires, les fortifications et la rampe d’assaut qui entourent le monument sont l’exemple le plus complet et le plus beau des travaux de siège de l’époque romaine conservés jusqu’à ce jour.

Massada fut la dernière poche de résistance juive face à l’armée romaine, en 73 de l’ère chrétienne. Sa destruction violente marqua le début de 2000 ans de Diaspora. La bravoure et le sacrifice des combattants juifs de Massada en font un symbole de l’identité culturelle juive mais aussi, plus universellement, du combat contre l’oppression et pour la liberté.

Ville côtière du nord d’Israël, la vieille ville d’Acre renferme plus de 5000 ans d’histoire, une rare association entre Orient et Occident, carrefour des religions. Trois périodes la caractérisent : l’arabe, la croisée et l’ottomane.

Les murailles de la ville, ses citadelles et forteresses, ses églises et ses mosquées content l’histoire des nombreux souverains qui l’ont bâtie et embellie, qui y ont régné et ont combattu pour la préserver. Acre compte les empreintes de nombreux peuples et mouvements religieux : cananéens, grecs, romains, byzantins, croisés, mamelouks. Elle n’est vraiment devenue importante comme ville portuaire et commerçante qu’à l’époque hellénistique. Mais sa grandeur ne s’est révélée qu’à la période croisée. Acre devint le port le plus important de l’est de la Méditerranée et le croisement principal entre l’Europe et la Terre Sainte.

La vieille ville d’Acre est la seule ville croisée conservée dans le monde.

Tel-Aviv fut fondée en 1909 et se développa comme ville métropolitaine sous le mandat britannique. La ville blanche fut construite à partir du début des années 1930 et jusqu’aux années 1950, selon les principes de l’urbanisme organique moderne. Les bâtiments furent conçus par des architectes formés en Europe, surtout en Allemagne, et ayant immigré en Palestine. Adapté aux exigences de ce nouveau contexte culturel, climatique et géographique, ils réalisèrent un ensemble rare d’architecture du mouvement Bauhaus, intégré aux traditions locales.

La ville blanche de Tel-Aviv est une synthèse exceptionnelle des diverses tendances du mouvement moderne architectural et urbanistique du début du XXe siècle.

Sur l’antique route commerçante de l’encens et des épices traversant le désert du Néguev du IIIe siècle avant J.-C. au IIe siècle après J.- C., entre le sud de la Péninsule Arabique et la Méditerranée, se dressent les quatre anciennes villes nabatéennes d’Avdat (fondée au IIe siècle avant J.-C.), Haluza, Mamshit et Shivta (fondée au IIe ou Ie siècle avant J.-C.) ainsi qu’une série de forteresses.

Ces villes témoignent de l’importance économique, sociale et culturelle de l’encens dans le monde hellénistique et romain. Ces routes étaient également un moyen d’échange entre les hommes et les idées. Mais l’empereur Trajan mit définitivement fin au règne des Nabathéens vers 113 après J.-C. lors de sa grande expédition au Moyen-Orient.

Les vestiges presque fossilisés des villes, forteresses, caravansérails et systèmes d’irrigation extrêmement perfectionnés et sophistiqués attestent de la remarquable ingéniosité humaine à surmonter un environnement désertique inhospitalier et de la façon dont il fut façonné pour faciliter le commerce et développer l’agriculture.

En Israël, sur plus de 200 tels (tertres préhistoriques de peuplement caractéristiques des plaines de la Méditerranée orientale) Megiddo (une des plus anciennes villes du monde), Hazor et Beer-Sheba, mentionnés dans la Bible, sont représentatifs des anciennes cités bibliques. Ces trois tels constituent ainsi un témoignage spirituel d’une valeur universelle exceptionnelle. Ils présentent également quelques-uns des plus beaux et des plus élaborés exemples de systèmes d’adduction d’eaux souterraines de la région, datant de l’âge du fer. Leurs traces millénaires révèlent l’existence d’une agriculture prospère et le contrôle de routes commerciales importantes.

Les échanges entre ces trois tels et d’autres Etats du Moyen-Orient se manifestent par des constructions d’influences égyptiennes, syriennes et égéennes créant un style local particulier.

Les trois tels témoignent de la créativité de la civilisation cananéenne de l’âge du bronze et de celle des villes bibliques de l’âge de fer : urbanisme, fortifications, palais et technologie des systèmes d’adduction d’eau.

Ancienne ville cananéenne et israélite, la position stratégique de Megiddo donna à la ville une importance militaire et commerciale depuis la plus haute antiquité. Construite sur un mont surplombant « la route de la mer”, Megiddo fut la voie principale allant de l’Egypte à la Mésopotamie, reliant les villes phéniciennes à Jérusalem et à la vallée du Jourdain.

Elle fut habitée de la fin du IVe millénaire avant J.-C. jusqu’à 350 avant J.-C. environ.

Les excavations ont révélé l’existence de plus de 20 niveaux archéologiques, les premiers remontant au IVe millénaire avant l’ère chrétienne. Plusieurs vestiges datant de l’âge de bronze indiquent que Megiddo fut un centre religieux de première importance durant quelque 2000 ans.

Cité datant du XVe siècle avant J.-C., au nord de la Galilée, Hazor fut une des principales localités du Croissant Fertile. Situé sur la route menant de l’Égypte à l’Asie, elle entretint des liens politiques et économiques étroits avec la Mésopotamie.

La ville fleurit surtout durant le milieu de la période cananéenne (1750 avant J.-C.) et fut le plus grand site fortifié d’Israël durant la période israélite (IXe siècle avant J.-C.).

Dans la Bible, Hazor est signalé comme une des villes les plus puissantes et les plus stratégiques. Jouissant d’un épanouissement culturel et matériel sophistiqué, Hazor fut une des plus grandes cités du pays pendant près de deux mille ans et une des métropoles "royales" de Salomon pendant la période du premier temple.

Du temps de la ‘’pax aegyptiana’’, profitant du développement du commerce international, les élites locales accumulèrent pouvoir et richesse avec nombre d’objets en or et en ivoire.

La ville biblique de Beer-Sheba se situe à Tel Beer-Sheba, à 4 km au nord-est de la ville actuelle, où les vestiges d’une forteresse et des tessons de poterie datant de l’Age de Fer à la période romaine ont été trouvés lors de fouilles. Mais des restes beaucoup plus anciens datant du IVe millénaire avant J.-C. ont également été mis à jour. Ils révèlent une dizaine de niveaux de peuplement, voire davantage, ce qui constitue une particularité tout à fait remarquable, spécifique à ce lieu.

Officiellement, grâce à l’UNESCO, Israël est reconnu comme participant au patrimoine mondial archéologique et architectural de l’humanité.

 

Israel Magazine / Noémie Grynberg 2007