La musicothérapie pour enfants en Israël

La musicothérapie n’est pas vraiment une discipline nouvelle. Déjà au temps de la Bible, le roi David utilisait sa harpe pour calmer Shaoul, maniaco-dépressif. Tous les peuples, par l’intermédiaire de leur sorciers ou gourous, ont utilisé la musique pour exorciser le mal. Alors, la musique adoucit-elle vraiment les mœurs ? Ou à défaut, soigne-t-elle ?

 

La musicothérapie consiste en une thérapie dont le médium est la musique. Elle se pratique tant avec les enfants qu’avec les adultes. Elle permet de soigner plusieurs genres de troubles comme les dépressions, les névroses, les maladies mentales, l’autisme, etc. Des recherches scientifiques récentes ont démontré que la musique de Mozart avait effectivement des vertus thérapeutiques et que Vivaldi soignait les dépressifs. La musique influence donc l’humeur.

Deux grandes écoles de musicothérapie se côtoient : celle de l’écoute passive, se pratiquant surtout en France, et celle de l’écoute active utilisée en Israël, selon les méthodes anglo-saxonnes. Cette dernière, appelée psychodynamique, est basée  sur la psychanalyse. Elle a une approche holistique qui englobe la famille, son histoire, sa généalogie. Il y a donc aussi un travail de soutien aux parents.

La musicothérapie fait partie du champ plus large des thérapies fondées sur l’art qui permettent une plus grande régression puisqu’elles se placent en-deça du langage. Dans cette optique, le lien entre patient et thérapeute devient plus essentiel que le médium lui-même. Ainsi, lors de séances, la musique peut ne pas du tout intervenir car c’est le patient qui amène le contenu affectif et actif.

 

En Israël, en général, l’éducation spécialisée est très développée. Le niveau de la musicothérapie est très élevé. La majorité des écoles ont en leur sein un poste de musicothérapie. Cette préoccupation peut peut-être s’expliquer par l’importance de la place que tient l’enfant dans la société israélienne.

 

Face aux difficultés de langage, la musicothérapie est adéquate pour les enfants car elle les aide à sortir les mots, eux qui ne sont pas toujours capables de verbaliser leur mal-être. Le thérapeute traduit ainsi la musique en mots mais aussi le comportement de l’enfant face aux instruments, son choix, sa façon de jouer. Ce teste définit l’enfant, ce qui permet d’adapter la thérapie à son type : caractériel, asocial, névrotique, dépressif, etc. Ainsi, la musique aide le thérapeute à rentrer en contact avec l’enfant en difficulté. La musicothérapie s’adresse d’abord aux sens avant les mots. C’est la théorie du ‘’here and now’’ (ici et maintenant).

La musicothérapie peut se pratiquer différemment en privé (clinique) ou en école. Dans le premier cas, le soin est payant, se déroule en dehors du cadre scolaire et la fréquence est fixée par le thérapeute. Dans le second cas, il est gratuit, se déroule au sein-même de l’école, et le nombre d’heures par semaine est défini par le ministère de l’Education. La thérapie est donc plus holistique puisqu’elle se passe dans le milieu éducatif de l’enfant. Mais cela n’est pas sans difficultés. En effet, il n’est pas facile pour l’enfant de faire le passage entre le soin et l’école, et pour le thérapeute de devenir éducateur. Pour les musicothérapeutes aussi, les conditions sont difficiles car leur poste n’est pas toujours reconnu par l’équipe pédagogique.

Autre inconvénient, il n’y a pas de suivi après l’école. Suivant les types d’enfants, le pourcentage de réussite diffère. Ainsi, avec les caractériels,  la musicothérapie obtient de très petits résultats. Par contre, chez les retardés mentaux, elle leur donne une meilleure conscience de soi, les aide à verbaliser. Enfin avec les autistes, elles permet de rentrer en communication.

 

Parallèlement, pour les adultes, la musicothérapie travaille plus en profondeur du fait de la maturité et de l’indépendance du patient. Cela lui permet de prendre de la distance, d’exprimer et de revivre un trauma. Les résultats sont plus rapides car plus directs avec les adultes. Contrairement aux enfants, les adultes décident de ce type de thérapie par amour de la musique.

 

Concrètement, le thérapeute considère que son action a réussi lorsqu’il constate un changement de comportement chez son patient.

 

Ce métier, essentiellement tourné vers l’autre, est très majoritairement féminin. Près de 80% des musicothérapeutes en Israël sont des femmes. Cependant, ces dernières années, le métier éveille un intérêt accroissant parmi le public masculin.

   

 

Noémie Grynberg 2004