L’Angola, nouveau partenaire africain d’Israel

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Depuis 40 ans, conséquence politique de la Guerre de Kippour, l’Afrique avait fermé ses portes à l’Etat hébreu. Or, ces dernières années, Israël a fait un retour remarqué sur le continent noir, considéré aujourd’hui comme la prochaine grande zone émergeante. Ses échanges avec l’Angola notamment, augurent d’un renouveau à la fois économique et politique.

A plus de 5.000 km de Jérusalem, l’Angola est une ex-colonie portugaise du sud-ouest de l’Afrique. L’immense contrée compte une superficie de 1,25 millions de kilomètres carrés – soit six fois la taille de l’Etat hébreu – riche en pétrole, diamants, bois, eau, poisson et terres arables. Or, en dépit de ses abondantes ressources naturelles, la production par habitant reste parmi les plus basses du monde. Il faut rappeler que l’Angola est une très jeune république née en 1975, en pleine Guerre Froide. Son indépendance a mené à 27 ans de guerre civile dévastatrice entre factions marxistes-léninistes soutenues par l’ex-URSS d’une part et sociaux-démocrates soutenus par les USA d’autre part. Aussi, le conflit armé a détruit les infrastructures et l’agriculture du pays, laissant derrière lui un système rongé par la corruption et les disparités sociales.

Malgré tout, depuis une décennie, l’Angola se reconstruit. C’est pourquoi les entrepreneurs israéliens s’intéressent de près à ce marché et à ses matières premières. Dès la fin de la guerre civile, une coopération entre l’Etat hébreu et la république africaine se développe dans les secteurs publics et privés de l’agriculture, de la santé, de l’éducation, de la construction, du diamant, de la défense et des télécommunications. Il est vrai que dans les années 1990, le soutien d’Israel à l’Angola, alors victime d’un embargo international, a renforcé le traitement de faveur accordé par Luanda aux firmes israéliennes.

Ainsi dès 2002, sous l’égide de l’ONU, l’entreprise "Geomine" aide l’ex-colonie portugaise au déminage de son territoire. En effet, des centaines de milliers d’engins restent enfouies sur de vastes étendues. Grâce à la technologie israélienne, la signature chimique des explosifs se détecte avec précision à partir d’images satellites. Une fois la cartographie effectuée, les démineurs peuvent intervenir pour neutraliser les pièges. Le procédé a rapidement mis en évidence les périmètres entièrement sûrs. Une information précieuse pour les populations et qui permet aux autorités de rationaliser les recherches sur les régions problématiques, en général à proximité des zones urbaines et dans les anciennes zones de combat.

Egalement présents dans la république africaine, des cabinets israéliens de conseil agricole. Ainsi, le projet Terra Verde a conçu une ferme de 12 hectares de serres et 74 hectares de cultures maraîchères qui produit entre 35 et 50 tonnes de récoltes par semaine. Grâce aux stations de pompage construites sur les rives du fleuve Bengo, à 6km de l’exploitation, l’irrigation au goutte à goutte contrôlée par ordinateur, très nouvelle en Angola, est assurée. Terra Verde a connu un tel succès que d’autres projets ont été établis à travers le pays.

L’Etat hébreu participe aussi à la création de coopératives agricoles – sur le  modèle du mochav – pour l’élevage de volailles.

De la sorte, assisté par le savoir-faire israélien, le pays développe sa propre agriculture. Il produit aubergines, tomates, concombres, poivrons, melons, pastèques, courges, laitue et maïs. Ce qui réduit de plus en plus sa dépendance envers l’importation de produits frais et lui permet de nourrir sa population.

Israël offre également son concours dans le domaine médical. Ses hôpitaux accueillent des enfants angolais atteints de maladies cardiaques pour y subir des interventions chirurgicales.

Autre secteur d’échanges entre les deux partenaires, le diamant. Selon des estimations non officielles, 200 à 300 Israéliens travailleraient avec les gisements d’Angola.

Par ailleurs, concernant la téléphonie, la société israélienne Gilat Satellite Networks a signé un contrat important avec Angola Telecom, pour la fourniture d’équipement de communication, ainsi que de modems satellite afin de consolider l’infrastructure cellulaire du pays.

Quant aux ventes d’armes et de matériel de défense, estimées à environ 300 millions de dollars, elles se révèlent de même très porteuses. L’Etat hébreu a ainsi fourni au gouvernement de la république africaine radars aériens, avions sans pilote et hélicoptères. Et depuis 2 ans, la plupart de l’aide militaire d’Israël se concentre sur la formation de la police et des pilotes de l’armée.

Au total, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays s’élève à plusieurs centaines de millions de dollars. Pour sa part, Israël achète pour environ 300 millions de dollars de pétrole angolais par an – soit 7 % de sa consommation.

La collaboration économique s’étend aussi au champ politique. En fait, les relations diplomatiques entre l’Angola et Israël se sont établies en 1993. Deux ans après, l’État hébreux ouvrait une ambassade à Luanda, alors que l’Angola ouvrait la sienne à Tel-Aviv en 2000.

En juillet 2012, dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale, le ministre angolais des Affaires étrangères, Georges Rebelo Chicoti, effectuant une visite de trois jours en Israël, a ratifié à Tel Aviv un accord pour renforcer les échanges, notamment dans les domaines de la science, de la technologie, de la santé, de l’agriculture, de l’économie et de la sécurité. A cette occasion, l’État hébreux s’est engagé au côté de l’Angola au sein de son programme de lutte contre la famine et la pauvreté.

Enfin en juin dernier, lors de sa visite en Israël, le Président angolais José Manuel dos Santos a évoqué les excellentes relations entre son pays et l’Etat juif. Le chef africain a qualifié les rapports israélo-angolais de dynamiques et a souligné les liens privilégiés entre les deux pays, tant au niveau financier et économique, que militaire, politique et diplomatique. Un bon point pour Israel dans cette région du monde.

Noémie Grynberg / Israel Magazine 2013