L’espion qui nous aimait

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Jonathan Pollard, Juif américain de 52 ans, est emprisonné aux Etats-Unis depuis 21 ans. Il est accusé d’espionnage au profit d’Israël, ce qui lui a valu une condamnation à perpétuité.

En 1979, Pollard travaille pour la marine américaine  en tant qu’officier de renseignement. Six ans plus tard, à Washigton, ses supérieurs du Centre Naval d’Alerte Anti-terroriste commencent à avoir des soupçons. Ils trouvent dans le bureau de Pollard des documents protégés sans lien avec son travail. Le FBI est prévenu et Pollard est interrogé en novembre 1985. Mais quelques jours plus tard, il tente de fuir en réclamant l’asile politique auprès de l’ambassade israélienne qui refuse de le lui accorder, à lui et à son épouse. C’est alors que le FBI les arrête.

Pollard passe en jugement. Lors de son procès, il plaide coupable pour espionnage. En pleine guerre froide, les États-Unis lui reprochent d’avoir livré à Israël le manuel des codes d’accès et de cryptage des écoutes de l’Agence de Sécurité Nationale (NSA) dans le monde. La NSA est un organisme gouvernemental américain, responsables de la collecte et de l’analyse de toutes formes de communications, aussi bien militaires et gouvernementales que commerciales ou même personnelles, par radiodiffusion, Internet ou tout autre mode de transmission. Elle assure également la sécurité des communications et des ordinateurs du gouvernement américain.

Le manuel de la NSA a été livré aux Russes par Pollard, en échange semble-t-il, d’une facilitation de l’émigration vers Israël d’un million de Juifs russes.Le 4 juin 1986, Pollard est condamné à la prison à vie. 21 ans après, malgré plusieurs demandes de libérations formulées par Israël et par divers organisations de soutien, Pollard continue de purger sa peine aux Etats-Unis.Son épouse, Anne, condamnée elle aussi à cinq ans de prison, est libérée en 1989. Séparé de sa première épouse, Pollard se marie en prison avec Esther Zeitz. Pollad a reçu la citoyenneté israélienne en 1998. Cette même année, le Premier ministre d’alors, Benjamin Netanyahu, admet que Pollard est un espion israélien.

Le cas de Pollard est particulier dans les relations israélo-américianes. Suivant un accord tacite, les deux pays alliés sont sensés ne pas s’espionner mutuellement. Or Pollard, selon la version officielle des faits longtemps admise, aurait agi de sa propre initiative, en contradiciton avec les termes de l’accord de non espionnage réciproque entre Israël et les Etats-Unis. Cette affaire embarrasse donc Israël qui se trouve dans une situation délicate et fâche Washington qui se voit « trahi » par son allié. L’affaire Pollard continue de diviser les hauts responsables américains. Certains insistent sur la gravité des actes et soutiennent sa détention à perpétuité alors que d’autres tentent de minimiser les faits et trouvent la peine sévère.

En tout cas, 21 ans après, Jonathan Pollard continue de faire couler de l’encre et de faire fausse note dans les relations amicales israélo-américianes.

Noémie Grynberg 2006