Le Néguev : l’esprit pionner au service de la créativité

Le Néguev, au sud d’Israël, constitue la plus grande région du pays. Représentant plus de 60% de sa surface, il s’étend sur 13.000 km2. Cependant, la zone n’abrite que 8% de la population israélienne, dont une forte communauté de Bédouins (25% de ses habitants). Ben Gourion souhaitait pour le Néguev un avenir verdoyant et industriel. Qu’en est-il de nos jours du rêve sioniste de développement de ce territoire semi désertique ?

Bien avant la création de l’Etat d’Israël, le Néguev constituait déjà un défi pour le futur développement du pays. David Ben Gourion prônait le retour des Juifs dans cette région : «c’est dans le Néguev que la créativité et l’esprit pionner courageux d’Israël seront mis à l’épreuve».

Présentation générale
Le Néguev est composé de cinq régions géologiquement distinctes :
– le Néguev du Nord, appelé «Zone Méditerranéenne» (région d’Ashkelon). Ses terres sont relativement fertiles avec 30 cm de pluie par an
– le Néguev de l’Ouest, plutôt sablonneux, possède peu de terres arables avec ses dunes pouvant atteindre parfois plus de 8 mètres de haut
– le Néguev du Centre, comprenant la grande ville de Beer-Sheva. Malgré ses 20 cm de précipitations annuelles en moyenne, ses terres peu perméables ne retiennent pas l’eau ce qui érode le sol
– le Plateau du Néguev, situé entre 365 et 550 mètres au dessus du niveau de la mer, connaît des températures extrêmes en hiver et en été. Ses terres en partie salines sont peu cultivables et ne reçoivent que 10 cm de pluie par an.
– la Vallée de l’Arava, qui s’étend sur 180 km de la pointe nord de la Mer Morte au golfe d’Eilat au sud, longe la frontière avec la Jordanie. Cette zone aride reçoit à peine 5 cm de pluie par an. Sans irrigation adéquate et sans engrais, ses terres peu exploitables seraient pratiquement improductives. C’est surtout dans cette région que le génie agricole juif s’est révélé en la transformant en grande ferme dont les produits de qualité sont exportés partout dans le monde.

Administrativement, le Néguev est divisé en 8 districts : Bnei Shimon, Shaar Haneguev, Merhavim, Eshkol, Tamar, Harava, Ramat Habeguev et Eilat. De nombreux kibboutzim s’y sont installés et développés : Neot Semadar, Ketura, Sde Boker, Revivim, Lotan, Yotvata pour les plus connus.

Développement historique
Sans évoquer l’évolution des grandes villes de la région (Beer-Sheva, Arad), la rétrospective du plan de développement du Néguev donne un aperçu intéressant de ses objectifs et des efforts consacrés à sa croissance.
Dès 1948, le nouvel Etat hébreu se fixe comme but de faire fleurir le désert du Néguev pour absorber les flux migratoires et rassembler la diaspora juive.
Pendant la guerre d’Indépendance, la 5e brigade composée de 3.000 hommes répartis en 5 bataillons, les Guivati, du Front central, et la 12e brigade, HaNeguev, du Front sud opèrent dans le nord du Néguev. Leurs troupes sont disséminées dans les différentes implantations de la région. Les villages isolés et menacés des environs sont aidés parallèlement par le KKL.
En 1949, les Israéliens entament la construction d’un aqueduc alimenté par les eaux du Jourdain qui doit irriguer le désert.

Dans les années cinquante et soixante, le KKL accroît ses plantations d’arbres dans le sud. Le village de Mitzpe Ramon est fondé en 1951 en tant que base d’hébergement pour les travailleurs qui construisent la route vers Eilat. En 1956, il devient une véritable ville. Ses premiers habitants, principalement originaires d’Afrique du Nord et de Roumanie, viennent s’y installer dans les années 1960, dans le cadre du programme de peuplement du Néguev (la devise de Ben Gourion).

Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, le KKL accélère le développement du Néguev. L’institution sioniste est à l’origine des forêts de Lahav et Yatir dans le nord de la région.
En 1979, le gouvernement israélien crée le groupe des villages « Pithat Shalom » dans le nord ouest pour y réinstaller rapidement les localités du Sinaï rendu à l’Egypte. Entre 1987 et 1989, des sites récréatifs et archéologiques sont aménagés : Eshkol, Golda, Yérouham et Dimona. Une nouvelle méthode de retenue des eaux de pluie est développée pour faire « reverdir » la région. Un réseau de barrages et de réservoirs est construit sur la rivière Bessor.

Dans les années quatre-vingt-dix et deux mille, le KKL s’attache à désenclaver le Néguev afin de stimuler le développement économique et humain du sud du pays. Infrastructures routières, agricoles et touristiques, constructions de réservoirs d’eau, plantations de forêts, recherche et développement en matière agricole, projets éducatifs et écologiques, tout est mis en œuvre pour faire reculer le désert et soutenir le peuplement et le dynamisme des régions les moins denses d’Israël. Par ailleurs, le KKL contribue au logement et à l’intégration économique, sociale et culturelle de centaines de milliers de nouveaux immigrants issus principalement de l’ancien bloc de l’Est et d’Éthiopie. L’année 2000 est consacrée au plan d’action pour le développement de l’agriculture et de l’industrie en vue d’attirer vers cette région de nouveaux résidents.
L’essor de la ‘’Route des vins’’ dans le Néguev connaît également une belle réussite. Ses vignobles donnent des crus de qualité qui s’exportent bien. En 2000, les vendanges de Ramat Arad, près de la mer Morte, donnent 430 tonnes de raisins rouges d’excellente qualité qui produisent des Merlot et des Cabernet Sauvignon de premier ordre. En 2001, les très bons vignobles des régions de Yatir et Maon produisent différentes variétés de raisins, entre autres des Cabernet Sauvignon, Merlot, Chardonnay, Sauvignon Blanc, Chiraz et Zinfandel.

Début 2004, une commission ministérielle dirigée par le ministre de la Construction et du Logement, Effie Eitam (Parti national religieux), décide de créer une nouvelle localité sur le Mont Avnon, Kfar Hamada, à proximité de Yerouham. Il estime que ce site contribuera au développement de sa ville voisine grâce aux usines que des industriels ont l’intention d’installer dans la région. À l`inauguration d’un autre nouveau village, Givat Bat, Effie Eitam déclare : « Je suis fier de diriger le développement de la construction dans le Néguev et vois dans la création de ce village un accomplissement du rêve sioniste et une première étape dans le développement du Néguev ».
Début 2005, le ministère de l’Intérieur annonce la création d’une implantation supplémentaire, Halouzit, au nord ouest du Néguev, non loin de la Bande de Gaza, pour accueillir 7.500 futurs évacués du Goush Katif. Son activité serait principalement agricole.
C’est la deuxième fois que ce ministère annonce la création d’une nouvelle localité pour reloger les futurs évacués. Le village de Shoulamit, lui aussi situé dans le Néguev, est prévu pour accueillir près de 500 familles. De plus, le gouvernement envisage la construction de 74 nouvelles maisons à Bat Hadar, près d’Ashkelon.
Fin 2005, le KKL œuvre également en un temps record, à la réinstallation dans la région des familles évacuées du Goush Katif. Malgré l’urgence, l’organisation sioniste tente de donner à ces personnes déracinées les moyens de reconstruire leur vie : logements, voies d’accès, plantations, serres, bâtiments communautaires.
La même année, le gouvernement israélien décide de pourvoir les coopératives agricoles du Néguev de 30 millions de m3 d’eau supplémentaire sur 5 ans. Cette décision est prise dans le cadre du programme de développement des terres agricoles dans le sud.
En 2006, un nouveau ministère est créé avec la mission exclusive de refleurir le désert du Néguev d’ici l’an 2015. C’est Shimon Perès qui occupe le premier ce poste.

Début 2009, Haim Blumenblat, de la Division du Budget pour le développement des régions périphériques déclare : « Le développement du Néguev est essentiel, tant pour le futur d’Israël que pour réaliser notre propre potentiel. Le futur développement du Néguev n’est un pas un luxe, mais une nécessité absolue. En principe, le Néguev possède les plus grandes réserves de terres du pays» .
Selon l’actuelle plate-forme du Likoud, le gouvernement rejette formellement l’idée prônées par la gauche d’abandonner certaines parties du Néguev au profit des Palestiniens, ce qui se rapproche en fait du plan de partition de 1947. Le Likoud affirme que ces propositions de l’opposition risquent de provoquer, au sens propre, le démembrement de l’Etat d’Israël.

Aujourd’hui, la région du Néguev continue à se situer au centre de l’agenda israélien concernant le développement du pays grâce à de nombreux programmes de reforestation du désert, d’implantation de nouveaux immigrants et de croissance économique afin de désengorger le littoral de la région du Goush Dan. À cet égard, une nouvelle liaison ferroviaire a été inaugurée en 2005 entre Tel Aviv et Beer-Sheva, la « capitale du désert », afin de faciliter le décloisonnement de cette portion du territoire. Ces projets seront-ils suffisants pour réaliser enfin le rêve de Ben Gourion ?