La Belgique, premier pays musulman de l’Union Européenne d’ici 20 ans ?

Islam Belgique

La Belgique, pays multiculturel, reconnaît le droit des minorités (ethnique, culturelle, linguistique, religieuse). Au nom de ce multiculturalisme, la communauté musulmane revendique toute une série de droits spécifiques parfois en contradiction avec la loi nationale. Déjà l’islam est devenu la deuxième religion du pays.

La fulgurante ascension de l’islam en Belgique ces dernières années a de quoi inquiéter à juste titre. Dès 1974, le gouvernement reconnaît cette religion officiellement. Le premier résultat de cette reconnaissance est l’entérinement en 1975 de l’introduction des cours de religion islamique dans le programme scolaire. Le second est dès lors la construction intensive de mosquées.

Selon certains pronostiques, Bruxelles serait en passe de devenir une ville à majorité musulmane d’ici à peine 20 ans. Certains quartiers de la capitale le sont déjà. Un tiers des Bruxellois sont musulmans aujourd’hui. Ce qui passait pour un plaisanterie il y a une décennie est devenu une réalité : depuis 2001, Mohamed est de loin le premier prénom donné aux garçons nés dans la métropole belge. La capitale européenne voit se multiplier les mosquées clandestines. Déjà 43 d’entre elles ont été reconnues par le ministre wallon des affaires intérieures, Philippe Courard.

La Belgique est l’un des pays d’Europe où la naturalisation est la plus fréquente. La communauté musulmane belge compte environ 350.000 membres (contre 200.000 en 1985) dont approximativement 150.000 Marocains et 85.000 Turcs mais aussi des Albanais, Iraniens, Pakistanais et Sénégalais. 15% des imams sont en situation irrégulière sur le territoire.

Les musulmans de Belgique s’estiment à 75% pratiquants. La jeunesse se radicalise, rejetant les valeurs occidentales. Un phénomène de "surislamisation" des musulmans s’étend des modérés aux extrémistes. Entre 70 et 90% de la population musulmane de Belgique font clandestinement l’Aïd-el-kébir (fête du mouton à la fin du ramadan) à la maison au mépris des règles d’hygiène et de santé publique mais aussi de la loi. Pendant cette période, jusqu’à 100.000 sacrifices sont pratiqués en quelques jours.

Le prosélytisme va bon train. Il y a 10 ans, les Belges convertis étaient entre 6.000 et 8.000. Depuis, le phénomène s’est accéléré. La moyenne est estimée autour de 1.000 à 1.200 demandes par an. Le nombre total de convertis est évalué à 30.000.

La diffusion d’une littérature islamique niant l’égalité des sexes persiste avec insistance ainsi que les revendications contraires à la loi belge : dispense de cours de gym et de biologie, séparation des piscines, dérogations (accordées) pour les photos d’identité (femmes voilées).

L’islamisation touche même la sphère économique. En 2009, après la crise des subprimes, des cadres et entrepreneurs musulmans bien insérés dans la vie socioprofessionnelle demandent une ‘’finance islamique’’ basée sur les principes découlant du coran. Au niveau judiciaire, la charia s’immisce insidieusement dans les décisions de justice.

L’éducation n’est pas en reste. En Belgique, l’Etat est neutre (non intervention, non immixtion à l’égard des cultes). Il reconnaît et subsidie les communautés sur la base de leur utilité sociale. Ce qui autorise le Ministère des cultes à financer l’instruction religieuse.

Alors que l’école publique est un lieu neutre religieusement depuis la loi de 94, les musulmanes y portent cependant le hidjab, symbole d’appartenance confessionnelle. Les écoles distribuent aussi des repas hallal. Par contre, les crucifix n’y ont plus droit de cité, ainsi que toute autre manifestation religieuse prosélyte et tout activisme politique.

La classe politique semble avoir baissé les bras, notamment sur les questions du voile et de la laïcité au sein de l’école. Le clergé la rejoint en resservant le discours général sur la valeur de l’islam.

Visibilisation

Comment ce royaume fédéral en est-il arrivé là ? Le renforcement de la référence religieuse s’est produit dans le monde musulman en général à partir de la fin des années 1970 et début des années 1980, suite aux échecs de modernisation dans les pays arabes. Ainsi s’est développé un tissu associatif diversifié (mosquées, écoles, centres culturels), quantitativement important et présentant un foisonnement impressionnant d’activités.

De 1960 à 1970, le mouvement associatif musulman accroît une myriade d’activités à caractère social et culturel (enseignement, éducation, sport, expression artistique, etc.) visant à reconstruire une vie sociale commune en célébrant notamment les fêtes nationales et religieuses. Des sociétés parallèles, des réseaux médiatiques, économiques, sociaux et politiques indépendants s’étendent. Ces activités bénéficient du soutien du mouvement syndical belge alors en relative position de force.

Les réformes du code de la nationalité, les multiples affaires du foulard, les aléas du processus d’institutionnalisation de la religion musulmane ainsi que l’apparition de l’islamisme politique sur la scène internationale font évoluer les revendications socio-économiques des travailleurs immigrés en revendications cultuelles des désormais citoyens belges musulmans. Des associations culturelles sont également créées en vue de promouvoir la culture du pays d’origine. Et depuis quelques années, des associations islamiques prolifèrent en vue d’aider spécifiquement les musulmans : services d’aide et de secours, services sociaux, etc. Certaines de ces associations fonctionnent comme des groupes d’intérêts ethniques revendiquant pour leurs membres des droits religieux, mais aussi politiques, économiques et sociaux. D’autres sont de petites entreprises à l’échelle locale qui surfent sur la vague du commerce ethnique (agences de voyage, petite restauration, import-export, épiceries, etc.) ou plus largement sur celle du commerce « ethno-islamique » (boutiques de hijab, boucheries halal, librairies, etc.)

Ainsi, aujourd’hui la communauté musulmane se sert de la sociologie urbaine pour réclamer un espace public comme lieu de lutte pour la reconnaissance de son identité.

Dérives inquiétantes

En 2004, le phénomène de la burqa (voile traditionnel afghan recouvrant entièrement la femme et empêchant son identification) apparaît dans certaines communes de Bruxelles. Devant ce fait contraire à la loi dans l’espace publique, le ministre flamand de l’Intégration, Marino Keulen (VLD – libéral flamand), décide de purement l’interdire.

En 2005, la première femme kamikaze est une belge d’origine, Muriel Degauque, gagnée à l’idéologie des musulmans radicaux de Bruxelles. Convertie à l’islam, elle se fait exploser dans un attentat à Bagdad.

Lors des élections législatives de juin 2007, un groupe musulman appelle au boycott, déclarant le scrutin ‘’illégal’’. Selon le document émanant de ce groupe, “le droit absolu de légiférer n’appartient à personne d’autre qu’Allah. Tout musulman qui participe aux élections est un apostat“. La même année, une manifestation anti-islam, censée se dérouler à Bruxelles, est interdite par le maire de la ville. Le Conseil d’Etat soutient cette interdiction.

La population musulmane de Belgique ne représente en fait que 3,5% de l’ensemble national. Un climat tendu entre elle et les non musulmans risque de dégénérer en explosion sociale.

Si Bruxelles semble particulièrement touchée par cette islamisation progressive, ce n’est peut-être pas un hasard : capitale de l’Europe, elle représente sans doute le cœur du continent à reconquérir.


Israel Magazine / Noémie Grynberg 2009